Balade sonore - Tournée#4 - Caroline Boë et Pascal Messaoudi (Istres, 10.04.2023

Caro Grand Frais
Casino #Hyperfrais- Avec Caroline Boë
Port belédère
Pamparigouste - Avec Pascal Messaoudi

Nous nous retrouvons le 24 avril 2023 à 14H – au Casino #Hyperfrais d’Istres (13) en compagnie de deux artistes, Caroline Boë et Pascal Messaoudi, pour l’opus 4 de la tournée des balades sonores organisé par PePaSon en collaboration avec le GRAINE Provence-Alpes-Côte d’Azur. 

Ce quatrième épisode s’effectuera en deux parties :

 
La première partie, avec Caroline Boë, s’effectuera à oreilles nues, sans dispositifs ajoutés, alors que la deuxième, avec Pascal Messaoudi, se fera à l’aide d’un guide papier pour se rendre de point d’écoute en point d’écoute, et d’une géolocalisation GPS via un smartphone pour déclencher la lecture des fichiers sonores aux endroits adéquats.
Chaque partie durera environ une heure, avec une présentation orale du projet. Au terme des deux balades, un débriefing permettra à chacun.es de faire part de ses observations, ressentis, et de répondre individuellement à un questionnaire pré-enregistré autour de la balade de Caroline Boë.
 

Caroline Boë - Balade Anthropophony à #HyperFrais

Réécoute de la balade sonore de Caroline Boë – Enregistrement binaural par C.B.

Avec Caroline, nous allons déambuler dans les rayons “hyperfrais” de chambres froides en frigos, partant à l’écoute de tous ces petits “bruits”, parfois aussi  insidieux qu’envahissants.

Une bonne dizaine de promeneurs.euses écoutant.e.s vont donc se prêter au jeu de l’exploration par l’oreille de rayons alimentaires “espace froid” d’un supermarché périurbain. De quoi assurément se rafraichir les oreilles.

Cette promenade écoutante dans un lieu pour le moins insolite pour ce genre d’exercice permet à Caroline d’expérimenter des postures d’écoute collectives, des retours et témoignages, venant appuyer sa recherche-action autour de formes de pollutions sonores. Ceci dans le cadre d’une thèse intitulée Anthropophony en « Pratique et Théorie des Arts » pour le laboratoire PRISM (Perception Représentation Image Son Musique).

Selon les rayons, nos déambulations dans ce temple du réfrigéré et surgelé, les cliquètements, vibrations, vrombissements, ronronnements… nous feront entendre un paysage sonore inhabituel, si ce n’est inouï dans son approche auriculaire surprenante. Petit extrait ci-dessous… 

Les différents rayons, surgelés, boissons, et autres denrées réfrigérées, offrent à l’écoute des atmosphères très différentes, plus ou moins prégnantes, ou discrètes, mais toujours avec leurs vocabulaires sonores spécifiques.

L’omniprésence de ces sonorités, si “discrètes” soient-elles, réussit quasiment à masquer, ou en tous cas à faire oublier, la présence elle aussi envahissante de la Muzak, flux sonore “musical” habituel dans ce genre d’endroits.

Un casier réfrigéré a tout particulièrement retenu notre attention. Il émettait de petits sons couinants qui nous ont rappelé certains pépiements d’oiseaux assez brefs et aigus, dus vraisemblablement  à un petit problème mécanique. D’autant plus que le casier contenait des volailles en sachets ! Un raccourcis drôlatique que nous n’avons pas manqué de relever.

Autre anecdote significative, une responsable du secteur frais, intriguée par notre démarche de groupe, silencieuse, erratique, penchant l’oreille vers les frigos d’un air amusé, n’a pas manqué de venir nous demander ce que nous faisions là. Lorsque Caroline lui a expliqué que nous écoutions les sons des frigos, elle a  au départ été surprise, mais au final, a bien compris que son environnement sonore professionnel était truffé de micro-sonorités auxquelles personne ne prêtait attention.

Nous terminerons le parcours dehors auprès d’un transformateur électrique et avec un exercice de sensibilisation des plus intéressants. Le jeu est de s’éloigner toutes et tous lentement de la source sonore et d’arrêter sa marche une fois à l’endroit précis où l’on entend plus le son sélectionné. Notre groupe s’étale, loin, très loin, et les retours sont tels qu’on fini par avoir du mal à savoir si l’on entend la source réelle ou bien sa continuité mémorielle, son souvenir réactivé dans la recherche de son écoute.

Entre “musique” minimaliste et prise de conscience de sonorités qui viennent parfois parasiter nos espaces de vie, nos paysages sonores quotidiens, et nous “montrer” une infinité de micros pollutions d’autant plus pernicieuses que nous n’y prêtons pas ou peu attention.

Caroline documentera son parcours par un enregistrement que nous pouvons écouter via un article qu’elle a consacré à cet instant d’écoute au Casino #Hyperfrais. 

Le dessinateur Sébastien Mariat nous a fait l’honneur de partager une série de dessins croqués sur le vif à l’occasion de ces balades sonores. Première série ci-dessous.


Pascal Messaoudi - Expédition Pamparigouste | Cap sur Istres

La deuxième promenade sera d’un tout autre genre. Si la première nous conduisait à l’intérieur d’un supermarché, la suivante nous fera sortir au grand air. Le Bureau des Guides en collaboration avec l’Office du tourisme d’Istres, a imaginé une balade, inclue dans le GR 2013, avec des explorations en radeau. Pascal Messaoudi a  mis  en sons ce récit du Bureau des Guides entre contes, commentaires sur le lieu et son histoire, mêlant ses ambiances et bruitages… La pièce a été conçue et distribuée en partenariat avec l’Office du tourisme d’Istres.

Le parcours intégral, s’effectuant à l’aide d’une carte plan guide et d’un smartphone pour écouter les  histoires audio, comporte sept séquences réparties sur l’itinéraire autour de l’étang de Berre.

Le jour de notre tournée, pour des questions de temps, et de choix stratégiques, nous parcourrons et écouterons les trois premières uniquement.

Départ en dessus d’un lycée, on nous raconte la fabuleuse histoire de Pamparigouste, lieu magique, peuplé de fées, et inaccessible aux humains, et le projet d’écriture de la balade sonore.

Nous recevrons chacun.e une carte papier, à la fois présentation globale du parcours et détail des lieux où nous écouterons les séquences dédiées. Des consignes d’écoute seront données au groupe. Les participants effectueront ensuite leur propre cheminement, autonomes, en solitaire, ou avec d’autres, selon leurs préférences.

L’écriture étant soigneusement calculée via un rythme de marche adapté au terrain et au scénario, le groupe entier se déplace de façon assez homogène, se retrouvant sur les points d’écoute, ce qui donne à notre balade une forme de synergie collective. Nous écoutons certes individuellement, sous casque, mais dans une démarche de faire ensemble, embarqués dans la même histoire qui relie le groupe au territoire sonore et à son imaginair

Ambiance au port des heures claires – Prise Zoom H2N par A.E. 

Nous pouvons, avant de « rentrer » dans les histoires pamparigoustiennes, écouter les lieux à oreilles nues, façon de s’immerger dans l’ambiance des lieux pour mieux frotter notre perception aux historiettes, entre documentaires socio-historiques et imaginaires, qui nous seront proposées.

Les moments de déplacements entre les lieux d’écoute sont ainsi, de fait,  des espaces d’écoute possibles,  mais également d’échanges libres, donnant lieu à des commentaires et partages de ressentis entre participant.es.

Nous faisons halte sur un belvédère surplombant l’étang de Berre. Vue panoramique, espace acoustique de même, des sons lointains embrassés de l’oreille, avant de chausser le casque. Où il est question de trous dans la carte, d’exploration d’un étang en radeau et d’imaginaire provençal, tout un programme pour mettre nos oreilles en appétit.

Le point d’écoute suivant nous amène au CEC des eaux claires (Centre Éducatif et  Culturel), lieu où des expérimentations architecturales nous sont contées. Entre utopies sociales, architecturales, et expérimentations grandeur nature, l’oreille s’en laisse conter en découvrant ce lieu unique en son genre, dans la mouvance des « villes nouvelles » des années 70. Lieu vivant, où étudiants et enfants devisent et rient joyeusement lors de notre passage.

Nous empruntons un chemin du GR2013, nous éloignant pour un temps de « la civilisation », pour rejoindre en contrebas le port des Eaux claires, sur les rives de l’Étang. Ici, des histoires de navigation, de bateaux, de clapotis, d’écologie aussi nous attendent. Changement de décor, d’ambiance, chaque lieu est singulier tout en s’articulant parfaitement dans la logique d’un parcours à étapes.

Nous laisserons maintenant au lecteur de cet article le loisir d’effectuer, dans son intégralité, le cheminement de Pamparigouste, via la playlist ci-dessous, et dans l’idéal, de faire ce chemin d’écoute in situ, avec les sons, lumières, et senteurs maritimes du cru.

A nouveau Sébastien Mariat nous propose une série de dessins, entre bande dessinée et croquis ethnographique…

Fin de parcours et debriefing

Au bord des rives de l’étang de Berre, en fin de journée,nous parlons de notre expérience, de nos ressentis, de ce qu’inspire cette déambulation en deux épisodes.

Les questions de pédagogie, comment inciter à l’écoute des paysages, à comprendre comment fonctionnent (ou dysfonctionnent) les milieux sonores, tant sur le plan esthétique, qu’écologique, voire sociétal sont abordés et commentés par chacun.es, expérience à l’appui.

Retour d’expérience des participant.e.s de la balade autour d’un verre – Prise zoom H2N stéréo ambisonique

Montage vidéo expérimental avec rushs bruts des balades sonores : Une attention portée aux rythmes et mouvements des marcheureuses-écoutant.e.s in situ

Pour aller plus loin

Crédits :

  • Coorganisation balade : Arthur Enguehard, Gilles Malatray, Margaux Marcel (GRAINE Provence-Alpes-Côte d’Azur), Caroline Boë, Pascal Messaoudi 
  • Textes : Gilles Malatray, Arthur Enguehard
  • Photos : Tamara Nordlund, Arthur Enguehard, Gilles Malatray
  • Prises de son : Caroline Boë, Arthur Enguehard 
  • Montage son : Arthur Enguehard, Caroline Boë
  • Vidéos :  Tamara Nordlund
  • Montage vidéo : Arthur Enguehard 

Les intervenant.e.s et partenaires 

Caroline Boë est artiste sonore et compositrice. Née en 1963 dans le Vaucluse, elle vit et travaille à Marseille (France). Depuis 2013, elle se consacre à la recherche-création en sound-art. Actuellement artiste-chercheuse doctorante au sein du laboratoire PRISM (Aix-Marseille-Université/CNRS/Ministère de la Culture), son domaine de recherche concerne la pollution sonore, l’art relationnel et le web-art. Son engagement écologique oriente ses travaux vers l’art environnemental, l’écologie sonore, le paysage sonore. Elle est reconnue pour ses installations sonores (au GMEM/CNCM, au Palais de Tokyo de Paris) et ses performances pour partitions graphiques (au musée des Beaux-arts de Marseille, à la Cité Radieuse Le Corbusier).
Retrouvez ici l’intervention de Caroline Boë au Forum des paysagistes sonores 2022 ainsi que son article de partage de pratique avec le projet “Anthropophony”

Pascal Messaoudi est réalisateur de documentaires et de créations sonores. Il a été journaliste radio, il travaille avec des compagnies de théatre, il trace des parcours sonores…. D’une façon générale, il s’intéresse aux gens et capte la parole qu’ils lui confient. Il enregistre tout ce qui émet des sons et en mixant toute cette matière, il nous raconte des histoires, réelles, souvent imaginaires. Il a collaboré avec le bureau des guides et l’office de tourisme de Istres dans le cadre de plusieurs parcours sonores et tient une chronique dans le journal local d’investigation Mars Actu.

Le GRAINE Provence-Alpes-Côte d’Azur est le réseau régional de l’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD). Son objectif est de promouvoir et développer l’éducation à l’environnement dans la région. Tenant compte de la variété des acteurs, des partenaires et des publics, le réseau est un lieu ouvert d’étude et de réflexion, mais surtout un lieu d’échanges et d’actions. Nos missions s’articule autour de 3 grands axes majeurs : Informer et communiquer sur l’EEDD // Accompagner et favoriser la professionnalisation des acteur.ice.s // Apporter un appui aux adhérent.e.s du réseau

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