Atelier / Récit d'expérience - A listening walkshop

Article écrit par Arthur Enguehard – Atelier par Alisa Oleva (Lu et approuvé par l’artiste) – Photos by Timothy Maxymenko 

Nous sommes chaleureusement accueillis par Tim et Alisa autour d’un café et quelques gourmandises à Q-O2 – QG des arts sonores de Bruxelles à Molenbeek – et prenons place dans une petite salle équipée de confortables canapés.

Dans ce petit article je propose de vous raconter mon expérience des quelques jolis exercices proposés durant ce workshop intitulé “A listening walkshop” à l’occasion du festival international Oscillations le jeudi 28 avril 2022 durant 2H (11H – 13H).

1) Ma venue, une route, une histoire

Après avoir chacun.e reçu un petit carnet de note soigneusement fait main par Alisa nous prenons nos crayons et essayons de “tracer notre arrivée” avec une attention particulière aux sons qui peuple(ai)ent notre trajet // 5min // Petit tour de table et nous racontons avec ces supports l’histoire de notre venue.  

Cette jolie rencontre est poétique, plurielle, intime presque, et me permet de rentrer dans l’ici et maintenant en meilleure connaissance de lieux, corps et humeurs. 

2) La caméra et le.la camera.wo.man

Nous descendons en bas, sur la place, au soleil. Alisa nous propose de former un cercle et nous explique un jeu qu’elle tire d’un de ses anciens profs : L’appareil photo.

En binôme, l’un.e devient l’appareil (il ferme les yeux, se laisse guider, déplacer, orienter) et l’autre le.la technicien.ne (il.elle va guider). Par une touche sur l’épaule, l’autre signifie à l’un.e d’ouvrir les yeux. Sitôt la main retirée, les yeux se ferment à nouveau. // 5min / on échange /  5min // Ainsi se dresse un portrait intermittent de l’espace que nous explorons. Je cherche à mettre du sens, les clichés décontextualisés activent mon imaginaire, je vois mais pas toujours (même rarement) ce que mon binôme technicien.ne voudrait que je vois… 

Idéalement j’aurais aimé arriver les yeux bandés sur les lieux, ne pas les avoir vus avant de cligner des yeux.

3) Une balade sonore sous bouchons et une sieste sans photo

Alisa nous fournit des bouchons d’oreilles. Elle a repéré un chemin, et d’un pas assuré nous partons, à demi sourds, à travers le quartier. Route, pont, ruelle, marché, place où jouent les enfants… Après 20min nous nous asseyons dans un parc, au soleil, au coeur de la vie des passants et usagers, et restons 15min les yeux fermés, cette fois oreilles débouchonnées. 

Alisa nous reveille d’une petite touche sur l’épaule, nous nous rassemblons et calmement entamons un partage d’expérience. Je suis fasciné de découvrir la similarité de nos expériences de cécité sensorielle :

  • Les oreilles bouchées nous n’avons ni “mieux regardé” ni “mieux appréhendé” l’espace… Nous avons surtout entendu le bruit sourd de nos organes, les chocs de nos pas, le brouhaha d’un corps intérieur… Notre attention était portée sur l’intérieur. Nous entendions nos pensées. Un mot revient : FRUSTRATION. 
  • Oreilles libérées, nos corps se sont détendus, nous pouvions fondre dans le paysage. Fin de la frustration, immersion dans une masse sonore entre enfants qui jouent, souffle du vent et des voitures au loin, en champ proche des conversations à la texture radiophonique. Doucement spatialisé, organisé, le son devient paysage. 
4) Tentative d'épuisement d'un lieu

300m plus loin, sur une placette, en référence à Georges Perec, nous tentons de réaliser l’inventaire exhaustif de notre écoute. Immobiles ou en marchant nous traçons des sons, des sonorités, des ambiances, des objets sonores, des onomatopées, des formes, des mots, des graphies… Entre partition, liste et cartographie nos productions sont riches et diverses. 

Alisa nous conseille de réaliser cet exercice, rapidement, lors de l’arrivée dans un nouveau lieu. Une poétique de la rencontre qui permet de se l’approprier autant que de se sentir approprié.e. 

5) Au revoir

De retour en salle, sur une jolie carte, chacun.e trace spontanément un trait, une forme, un devenir-forme, puis, le.la passe à son.sa voisin.e. Ce faisant chacun.e reçoit la partition-itinéraire d’une prochaine marche, à interpréter, à jouer en souvenir de cet instant, poétique sociale immortalisée et geste créateur d’une histoire partagée.  

BIBLIOGRAPHIE

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