Bilan de résidence estivale "Dôme" - (Chevry-en-Sereine // 24-30.07.2023)
Du 24 au 30 juillet 2023 une petite équipe du collectif PePaSon se retrouve en immersion dans un corps de ferme à Chevry-en-Sereine (77) autour d’un chantier collectif dédié à la fabrication d’un dôme géodésique, proposé et imaginé par Elsy Mandelbrot comme une salle d’écoute nomade. Nous développons à cette occasion un premier système de diffusion multicanal avec les conseils d’Alessandro De Cecco (Association Apnées), et expérimentons sa mise en œuvre lors de séances d’écoute dans l’installation. La semaine a aussi été l’occasion de réaliser des ateliers de prise de son, d’expérimenter sur la composition en quadriphonie, de construire des dispositifs sonores DIY en matériaux de récupération, de mener un travail d’enquête auprès des riverains… Ainsi que de jam-sessions improvisées et multiples moments de convivialité fort appréciés !
Imaginer et fabriquer un dôme géodésique nomade
Prémices :
Le projet de dôme d’écoute est né au début de l’année 2023 lors de séances de travail avec Nathalie Delbar, Arthur Enguehard, Benoît Frech, Gilles Malatray, Elsy Mandelbrot et Anne Versailles, dans l’optique de l’appel à projets “Plaines d’été” de la région Haut-de-France. L’ambition était de proposer des évènements ponctuels et in situ autour de l’écoute de paysages sonores avec les publics déjà présents et non spontanément concernés par ce type de manifestation culturelle. Nous imaginions un dispositif double : un dôme léger, installé sur place publique, et proposant des séances d’écoute articulées avec des balades sonores qui partiraient de la structure et y reviendraient.
Imagination et conception :
Elsy propose de reprendre la conception d’un dôme réalisé en tubes PVC avec le collectif Archi Debout en 2018 [1]. Ce dernier a l’avantage d’être léger, transportable, rapidement (dé)montable et à faible coût.
La structure est fabriquée à partir de tubes iro tulipés (20 mm) manchonnés les uns dans les autres, de sorte à former une série d’arches de longueurs égales, s’entrecroisant pour former la voûte du dôme. La taille du dôme est conditionnée par le nombre de tubes choisis pour former une arche.
En guise de couverture, nous optons pour une toile de parachute de seconde main, présentant l’avantage de s’adapter telle quelle à la forme du dôme, nous permettant ainsi de faire l’économie du travail de couture.
Enjeux :
Nous souhaitions tirer profit de la modularité du système pour concevoir un dôme dont le diamètre pourrait s’adapter à des contextes et besoins d’accueil du public variés. L’enjeu était aussi de pouvoir monter et démonter la structure rapidement en petit collectif (deux personnes idéalement) sans équipement supplémentaire (sans outils électriques, sans escabeau…). Il fallait aussi que l’ensemble puisse être transporté dans un petit utilitaire ou sur le toit d’une voiture, et mobilisable par des personnes non expertes afin de pouvoir le prêter/louer/faire tourner. Ceci a conduit à imaginer des assemblages par élastiques et velcros, simplifiant le montage.
Réalisation :
La montée du dôme se fait au sol et nécessite la présence de 5 personnes sur une ou deux minutes. Nous avons également testé la possibilité à cette étape, de positionner la toile au sol, de telle sorte à ce que le parachute se place sur la structure, en même temps que la voûte du dôme se forme.
La conception initiale a été revue et discutée avec l’ensemble des participant·e·s au cours du chantier. Plusieurs pistes d’amélioration et d’évolution ont été suggérées : ajout de vis à des endroits stratégiques pour renforcer la structure / choix de vis pitons pour créer des possibilités d’accroches à 360° / finition du bas de la toile en rideau de fil, créant du mouvement dans le vent, tout en conservant les possibilités d’accès…
Bilan :
Le dôme offre un bel espace propice à la rencontre. La toile de parachute blanche (retenue pour la version finale), présente des qualités intéressantes de diffusion de la lumière naturelle, créant un lieu apaisant, favorable à une écoute immersive. Elle s’avère également parfaitement adaptée pour une projection lumineuse, permettant d’imaginer des scénographies sons et lumières nocturnes.
Un soir, nous tentons une installation son et lumière à l’aide d’un vidéo projeteur étalant sur le dôme des graphismes psychédéliques trouvés sur YouTube. Nos guirlandes et petits luminaires viennent parfaire les ambiances qui changent d’un soir à l’autre.
… Reste encore plusieurs choses à travailler et imaginer : le dôme subi parfois des efforts de vents importants et a tendance à plier (mais sans casser !) Nous devons donc encore imaginer des stratégies d’ancrage au sol pour mieux le tenir en place et revoir certains points structurels (renforcement du cercle au sol notamment). Faire les plans de montage, travailler à une version “pluie” suite à deux soirées mouillées qui nous ont obligé·e·s à remballer toute l’installation audio, et retravailler la couverture au sol (bâche tendue, tapis…).
Séances et soirées d'écoutes
En parallèle de ce chantier, le séjour a vu l’émergence de nombreuses initiatives émanant des membres de l’association, ou des participant·e·s elleux-mêmes.
Notre séjour est l’occasion de partager des écoutes dans de bonnes conditions. La grange qui accueille le FabLab a de belles propriétés acoustiques. Nous installons un système stéréo immersif (4 enceintes en 2×2) convertible en système quadriphonique. Gilles nous propose une riche sélection de pièces sonores que nous échelonnerons sur la semaine avec :
- Bernard Fort – La grive Solitaire
- Boris Jolivet – Chants de glace [Court-métrage]
- Chris Watson – Glastonbury Ocean Soundscape
- Félix Blum – Mutt Dogs
- Fernand Deroussen – Le silence des hommes : Calliope de Sibérie
- Gilles Malatray (aka desartsonnant) – Dedans dehors
- Jana Winderen – Du petit Risoud aux profondeurs du Lac de Joux
- Knud Viktor – Ambiances / Images
- Luc Ferrari – Hétérozygote
- Mélia Roger & Grégoire Chauvot – Birds and Wires
- Rodolphe Alexis – Svishtov Report Erratum Musical
- Stéphane Marin – Tres Fronteras
- Stéphane Marin et Gilles Malatray – Un promeneur écoutant
- Thomas Tilly – Around the explosion ; Lithodites Lineatus : Unprocessed phonography and electronics
- Yannick Dauby – Wā Jiè Méng Xūn (part. 2)
C’est aussi l’occasion de réécouter des pièces créées dans le cadre des activités de l’association :
- Mélia Roger (2021) : Transition [Article]
FabLab et électronique sonore DIY
Arthur
amène quelques valises pleines de matériel électronique de récupération et
installe un FabLab sauvage dans la grange. Celui-ci nous permet tout d’abord de
fabriquer, réparer, rallonger les câbles manquant pour adapter notre système
son. En démontant des radios et enregistreurs cassés nous récupérons des
haut-parleurs / microphones fonctionnels et expérimentons la fabrication de
dispositifs (et notamment des douches sonores).
Créations sonores multicanales
Arthur a ramené le matériel à la fois personnel et de l’association permettant la mise en place au choix d’une stéréophonie immersive en 4 points ou d’une quadriphonie grâce à l’aide de Alessandro de Cecco (association Apnées) : 2 enceintes JVC ; un système de 2 satellites + 1 sub avec ampli intégré HK Nano 302 ; un ampli hi-fi stéréo Kenwood vintage ; une table de mixage Mix12Fx ; une carte son StarTech USB 7.1. Le FabLab a permis de fabriquer et allonger tous les câbles nécessaires.
Ce système était l’occasion pour les participant.e.s de s’essayer au montage multicanal et a favorisé la création de trois pièces originales ci-dessous :
“Dans la Rue” par Nathalie Delbar et Cécile Regnault
Dans la rue, est issu d’un travail d’enquête, mené par Cécile Regnault et Nathalie Delbar auprès des habitant·e·s de la commune de Chevry et alentours. L’intention était de recueillir la perception sensible des enquêté·e·s vis-à-vis de leur environnement sonore.
“Entre Nous“ par Nathalie Delbar
Entre nous, est la restitution d’interviews menées par Nathalie Delbar auprès de quelques participant·e·s à la résidence. L’interview aborde les sons de leur environnement immédiat, mais aussi passé, ayant marqué leur mémoire.
“Barbecue” par Sylvain Debry, Elsa Lebrun, Tilly Mandelbrot, Lisa Rubio
Si la première intention des participant·e·s était de s’essayer à la captation sonore en saisissant les sonorités du barbecue, l’expérimentation a rapidement donné lieu à un travail d’écriture et de composition collaboratif entre les différents membres, réunissant néophytes et expert·e·s.
Sortie de résidence et partage avec les publics
Cécile et Nathalie, lors de leurs interviews sur le territoire ont eu l’occasion de rencontrer des habitant·e·s et élu·e·s. Ce fût l’occasion de les inviter à notre sortie de résidence du samedi qui a été diffusée sur l’application Panneau Pocket de la mairie. Au programme : visite libre et médiée de l’atelier ; une balade sonore (16H) ; une présentation de la semaine de résidence (17H30) et une séance d’écoute (18H).
Quelques voisin·e·s et ami·e·s venu·e·s de la région parisienne nous rejoignent pour participer aux activités. Les retours sont excellents et nous voilà parti·e·s pour une longue nuit de fête, jusqu’au petit matin… 😉
De beaux moments de convivialités
Partager une résidence, c’est aussi inventer et réinventer les moments de la vie quotidienne : faire la cuisine et sortir le repas au soleil, partager des soirées autour des jeux de sociétés et de longues discussions, jammer jusqu’au bout de la nuit dans la grange…
Remerciements :
Merci à la famille Mandelbrot pour leur accueil, ainsi qu’à l’ensemble des participants : Sylvain Debry, Nathalie Delbar, Jonathan Elom, Arthur Enguehard, Elsa Lebrun, Corentin Loubet, Gilles Malatray, Elsy Mandelbrot, Tilly Mandelbrot, Raphaël Plockyn, Cécile Regnault et Lisa Rubio.
Bibliographie :
[1] : Archi Debout (2018). Atelier : Construction d’un dôme géodésique en tubes pvc. Ivry-sur-Seine